Profession du père - Sorj CHALANDON

Editions Le Livre de Poche
Parution : 31 août 2016
288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Mon père disait qu'il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu'en 1958. Un jour, il m'a dit que le Général l'avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m'a annoncé qu'il allait tuer de Gaulle. Et il m'a demandé de l'aider.
Je n'avais pas le choix.
C'était un ordre.
J'étais fier.
Mais j'avais peur aussi…
À 13 ans, c'est drôlement lourd un pistolet.

Ce que j'en ai pensé : 

Profession du père ? Ni chanteur ni espion, mais mythomane et paranoïaque, à tendance violente ! 
Un fou furieux qui fait régner la terreur entre les murs de son appartement à coups de ceinture et de punitions. Un sérieux dingue qui s'invente mille vies, imagine assassiner de Gaulle, écrit des lettres de menaces aux ministres, surveille ses voisins et ne reçoit jamais personne chez lui.

 "Mon père, ma mère et moi. Juste nous trois. Une secte minuscule avec son chef et ses disciples, ses codes, ses règlements, ses lois brutales, ses punitions. Un royaume de trois pièces aux volets clos, poussiéreux, aigre et fermé. Un enfer."

Difficile pour un enfant de grandir dans un tel foyer surtout quand la mère s'efface, accepte le joug et ne protège pas.
"Tu connais ton père" proféré comme une excuse, presque une absolution pour les souffrances qui sont infligées, en continuant d'éplucher les légumes pour la soupe...

Drôle de roman qui raconte les années 1950 du point de vue d'un enfant, mélangeant admiration et amertume, tentatives désespérées de plaire à son bourreau (en reproduisant notamment ses élucubrations complotistes auprès d'un camarade de classe), de protéger sa mère qui s'enferme dans une complaisance aveugle alors que son mari perd de plus en plus la raison (la scène chez le psy pour enfant est hallucinante !).

"J'ai raconté l'angoisse d'un enfant. J'ai raconté l'armoire, la maison de correction. J'ai raconté le pistolet, le béret, Biglioni. J'ai raconté ma mère en épouvante et son fils en effroi."

C'est un livre fort, dérangeant (j'ai ressenti tantôt de la pitié pour ce gosse, tantôt de la colère envers ses parents) qu'il faut lire, absolument ! L'auteur a attendu le décès de son père pour écrire ce roman dont on devine la part autobiographique. Une part d'intime, très touchante, sans ressentiment et sans haine, malgré les souvenirs douloureux.

1 commentaire:

  1. J'avais très envie de le lire à sa sortie mais je ne me suis pas lancée et je l'avais oublié.. ton avis me donne à nouveau envie de le lire :)

    RépondreSupprimer